Ces questions sont devenues plus pressante depuis 2022, lorsque la persistance
d’une inflation élevée inciter les principales banques centrales du monde à se
lancer dans la campagne de resserrement monétaire la plus agressive depuis
des décennies. La politique monétaire se resserre lorsque les banques centrales
augmentent les taux d’intérêts. Par M.C GUITSOUTSOU
Certains pays africains sont confrontés à des compromis difficiles entre le
service d’une dette couteuse, le soutien à des besoins de développement élevés
et croissants. La dette publique a augmenté dans pas moins de 40 pays africains
au cours de la dernière décennie. Dès lors, ils se trouvent face à une difficulté
alliant déficit budgétaire, et des entraves sur les taux de change. En 2022, sur
une dette de 17 062,6 millions d’euros (11 191,67 milliards de FCFA)
contractée par les pays africains auprès de la France. Parmi ces pays, 10 pays se
sont particulièrement distingués par l’ampleur de leur dette envers Paris. Notons
que la structure de cette dette comprend les aides publiques au développement
ainsi que les aides de nature commerciale détenues directement par l’Etat
français.
En tête de ce classement on retrouve le Maroc avec un encours de dette de
3 105,63 millions d’euros (18% de la dette totale africaine) envers la France,
suivi par l’Egypte (1 583,60 millions d’euros et la Cote d’ivoire (1 483,05
millions d’euros. Si les positions d’Abidjan et de Rabat semblent cohérentes
compte tenu de leurs relations étroites avec Paris au cours de ces dernières années
en tant que pays francophones, le cas du Caire reste néanmoins surprenant.
Le Cameroun (1 391,66 millions d’euros), le Sénégal (1 338,28 millions d’euros),
la Tunisie (1 127,96 millions d’euros), le Kenya (845,91 millions d’euros), le
Nigeria (600 millions d’euros), puis le Gabon (487 millions d’euros) et l’Ile
Maurice (422 millions d’euros) font également partie des pays du continent sur
lesquels Paris détient le plus de créances. Parmi les pays de la zone franc CFA,
la Cote d’ivoire se distingue avec le plus haut encours de dette envers la France,
suivi du Sénégal et du Cameroun.
Pour ce qu’il en est du Gabon, plusieurs raisons tendent à renforcer cette
coopération sachant que les intérêts français au Gabon sont très importants.
D’une part, Il s’agit en particulier des sociétés françaises qui contrôlent à 75% la
production de pétrole tout en disposant d’un permis de recherche. Un facteur
explicatif de la prédominance du capital français au Gabon. D’autre part, on a
inventorié au Gabon des potentialités économique considérables, et ce pays
réalise de grands projets de développement auxquels la France collabore
financièrement.
L’assujettissement de l’économie gabonaise aux intérêts de la France est mesuré à partir du pouvoir hors-marché des entreprises installées au Gabon dont la majeure partie est composée de firmes françaises à capitaux français dominants. En effet, le pouvoir hors-marché d’une firme installée au Gabon est sa capacité d’influencer les pouvoirs publics gabonais de telle sorte qu’elle en tire un avantage très net. De ce fait, ce qui semblerait être de la générosité désintéressée ne serait qu’un bon placement qui sert avant tout les intérêts des généreux donateurs et accule à la faillite d’un bon nombre de pays pauvres.
Figurant parmi les plus élevés de la zone CEMAC, le taux d’endettement du Gabon a reculé de 76,3% du PIB en 2020 à 70,0% en 2021, puis 54,6% en 2022 à 54,1% en 2023. D’après la dernière analyse du FMI de soutenabilité de la dette, il la juge soutenable mais sans un niveau élevé de probabilité. La notation
de la dette gabonaise par les agences internationales quant à elle est relativement stable, même si Fitch (agence multinationale de notation de crédit) et Moody’s (notation de crédit obligatoire) ont dégradé ses perspectives de « stable » à « négative » à la suite du coup d’état d’aout 2023. Parmi les enjeux en matière de gestion de la dette à court et moyen terme, figurent notamment les non-accumulations d’arriérés de paiement euro-obligation (385 milliards XAF) en 2025.
Aux dernières nouvelles, le Trésor public du Gabon projette d’emprunter la somme de 854 milliards de FCFA soit 1,3 milliards d’euros, sur les marchés financiers de l’Afrique Central. Cet argent devrait servir à financer les grands travaux et les projets sociaux, prévus dans le plan national de développement pour la
transition.