« L’envol que nous voulons pour notre pays nous commande la création d’une nouvelle
compagnie aérienne nationale ». Tels sont les mots prononcés par le chef de l’Etat gabonais
pendant son discours du nouvel an. Un défi d’envergure à relever pour la transition qui
enthousiasme certains concitoyens mais qui pour d’autres reste une promesse de plus
parmi tant d’autres à réaliser.

Lors de son discours des vœux le 31 décembre dernier, le président de la transition Brice
Clotaire OLIGUI NGUEMA a annoncé le retour d’une compagnie aérienne gabonaise à
l’instar d’Air Gabon. Crée en 1977, la compagnie nationale Air Gabon fut la compagnie
aérienne gabonaise, après que le Gabon se fut retiré du consortium Air Afrique
en décembre 1976. La compagnie gabonaise devient en 2006 Air Gabon International suite à
la faillite de Air Gabon pour mauvaise gestion financière.

En dépit de cela, la signature d’un pacte d’actionnaire entre le groupe Royal Air Maroc et le Gabon a bel et bien eu lieu. Ce pacte a été signé par le ministre du transport de l’état gabonais et le président directeur général de Royal Air Maroc à Libreville le 24 février 2006. La compagnie avait pour mission le transport des passagers et du fret à partir de Libreville vers la France, l’Afrique du sud, le Malawi, le Congo Brazzaville, l’Angola, etc.

Cependant, la concrétisation du projet entre les deux parties fut vouée à l’échec, pour cause de visions
économique opposées, mais aussi des intérêts des dirigeants gabonais. Au sortir de là, une
nouvelle compagnie aérienne fait son entrée, Gabon Airlines, fondée par Christian Bongo
Ondimba, fils du président Omar Bongo Ondimba. Dans un arrêté signé le 8 novembre 2006, le ministre gabonais des transports octroyait à Gabon Airlines les droits de trafic, et les mêmes privilèges octroyés à Air Gabon à l’époque jadis.
Cette décision mit fin au projet Air Gabon International qui était censé relayer Air Gabon. La
compagnie qui avait effectué son premier vol le 11 avril 2007, entre Paris et Libreville ne proposait
plus de vol depuis 2011. Considérée donc comme en ‘‘faillite’’, elle est mise en liquidation en
2013.

Après des échecs pour succéder Air Gabon, le président de la transition Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema promet au peuple gabonais la mise en place d’une nouvelle compagnie aérienne qui volera avant la fin de la transition, dans l’optique de valoriser le tourisme, augmenter le chiffre d’affaire, mais aussi de pallier au phénomène de dégradation des prestations de Air France sur la ligne Libreville-Paris.


Dans le même élan, la reconquête des projets de construction du nouvel aéroport de Libreville
situé à 80km de Libreville, avec point de départ, la restauration des aéroports d’Oyem et de
Makokou. Des projets jugés à haut risque, vu la situation économique actuelle du pays qui
couteront des dizaines, voire des centaines de milliards de francs CFA. D’après le colonel Macaire
Nembe, chef de cabinet du président de la transition, la compagnie volera avant la fin de la
transition d’ici le 25 aout prochain.

Le ministre des transports, capitaine de vaisseau Dieudonné Loïc Ndinga Moudouma s’est
rendu à Dubaï aux Emirats Arabes Unis à l’occasion de la 3 ème édition de la conférence de
l’organisation et de l’aviation civile internationale (OACI). Au cours de cette rencontre avec
le Directeur Régional Emirati de Boeing, le ministre des transports a émis la volonté des
autorités gabonaise de relancer une compagnie aérienne nationale. Un éventuel partenariat
entre les autorités de la transition et le géant aéronautique et spatial a été évoqué concernant la
fourniture d’aéronefs.


Le président de la transition a affirmé que des études techniques menées par des expert
aériens sont en cours afin d’élucider le mystère autour de la faillite d’Air Gabon, et par la
même occasion décrypter le disfonctionnement de plusieurs autre compagnies africaines.


Comparé à l’Afrique de l’Est et au Maghreb, il semble que le système de transport aérien
d’Afrique de l’Ouest et du centre paye le prix d’un défaut de vision politique, d’un manque
d’audace économique, une d’une mauvaise gestion des compagnies aériennes, des
insuffisance technique et de ressources humaines. Tel est le cas de Air Sénégal. La compagnie
sénégalaise créée en avril 2016 constitue une série répétitive de scandales, au-delà de la
concurrence directe, des gestions des vols et les retards qui constituent un véritable problème
pour la compagnie, Air Sénégal fait face également à un déficit de trésorerie. La compagnie rencontrerait les mêmes problèmes que ces prédécesseurs Sénégal Airlines, et Air Sénégal International. L’audit de la compagnie Air Sénégal témoigne d’une dette de 67 milliards laissée par
l’ancienne équipe de management, et pour éviter la faillite les auditeurs avaient recommandé
vivement une enveloppe de 100 milliards de FCFA pour sa relance.


Le Gabon de son côté a subi des sanctions financières de la BAD après le renversement du
régime en place. Il a payé le prix de ces impacts avec de lourdes répercussions affectant ainsi
l’économie de la nation. La sanction ayant finalement été levée le 6 novembre 2023, s’en est automatiquement suivi l’amélioration de ces aspects économiques. Va savoir, quel sera la provenance des fonds mobilisés pour ces projets ambitieux.

En définitive, la création d’une nouvelle compagnie aérienne nécessite d’une part une planification organisée et d’autre part, une gestion financière rigoureuse afin que l’histoire des faillites ne se répète plus.

M.C

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